La saison dernière n’a pas été la meilleure dans le Grand Est sur le plan de la sécurité à la chasse, mais le mouvement de fond est là : le nombre global d’accidents a reculé de 42 % depuis vingt ans et c’est même 77 % pour les accidents mortels. En effet, une seule victime décédée est à déplorer dans toute la région en 2023-2024. Une tendance de fond qui traduit la progression de la culture de la sécurité, estime l’Office français de la biodiversité.
L’Office français de la biodiversité mise, dans le Grand Est comme partout en France, sur la conscience collective et la formation en matière de sécurité à la chasse. Ce qui n’empêche pas que des opérations de contrôle soient régulièrement menées : près d’un millier l’an passé. Photo Frédéric Lecocq
« Le tournant, ça a été la loi de 2003 », explique Julien Klinkeberg, référent « Sécurité chasse » au sein de l’ Office français de la biodiversité (OFB) Grand Est. Un texte alors porté par Roselyne Bachelot, ministre de l’Écologie et du Développement durable , qui, le premier, a mis l’accent sur les questions de sécurité dans le monde de la chasse et imposé une épreuve pratique pour obtenir le permis de chasser qui n’existait pas auparavant.
« Dans cette dynamique, les schémas départementaux de gestion cynégétique (SDGC) révisés depuis intègrent désormais, à l’initiative des fédérations départementales, des règles de plus en plus contraignantes », précise encore le spécialiste de l’OFB.
« Prise de conscience collective »
Une prise en compte, encore renforcée par la loi dite OFB justement , de 2019, portant obligation du port d’un gilet fluo dans les actions de chasse collective au grand gibier ; la pose de panneau de signalisation type « chasse en cours » sur les voies publiques pour avertir passants et promeneurs ; rend obligatoire pour tous les détenteurs du permis de chasse une remise à niveau « sécurité » tous les dix ans.
Si des disparités peuvent exister d’un SDGC à l’autre, l’essentiel est bien organisé « par les fédérations », confirme Bruno Heckebenner, directeur de la fédération de chasse du Grand Est. Ce dernier souligne notamment que c’est au niveau départemental que « la remise à niveau décennale est organisée », certaines structures, comme les Vosges par exemple allant même plus loin, en formant également les adjudicataires et présidents de chasse.
Autant de mesures qui ont accompagné « une prise de conscience collective et fait naître une culture de la sécurité dans le monde de la chasse », estime Julien Klinkeberg.
Moins de non-chasseurs touchés
Une culture qui a permis d’améliorer singulièrement les chiffres de l’accidentologie : sur 20 ans, le nombre d’accidents a reculé de 42 %, et même de 77 % si on ne considère que les accidents mortels. Ainsi, même si la saison 2023-2024 n’a pas été très bonne, la tendance est nettement orientée à la baisse.
« L’an passé, il y a eu 10 accidents dans le Grand Est, un mortel, 5 accidents graves et 4 plus légers », détaille le référent sécurité chasse de l’OFB. Un bilan à rapporter au nombre total de chasseurs recensés dans la région – 84 000. Autre fait notable, le faible nombre de non-chasseurs parmi les victimes, dont aucune mortellement touchée, qui s’est stabilisé à 13 % sur ces 20 dernières années.
« Bien sûr, certains vous diront que s’il y a moins d’accidents, c’est parce qu’il y a moins de chasseurs. Or s’il est exact qu’il y a moins de chasseurs, ce raisonnement est erroné : c’est au nombre de balles tirées qu’il faut rapporter le nombre d’accidents. Et de ce point de vue, d’énormes progrès ont été réalisés. Cela, même si un mort est toujours un mort de trop », conclut le référent « sécurité chasse » de l’OFB Grand Est.
Article rédigé par des journalistes du journal Le Républicain Lorrain.